Le Dark Web, on l’associe souvent associé à un univers obscur et sulfureux, où l’anonymat prévaut. Pourtant, il ne représente qu’une infime partie d’Internet. Cet univers-là se niche au sein des couches profondes du web, très loin de la surface accessible à tous.
Et comme pour tout sujet mal connu, le Dark Web suscite beaucoup de préjugés et de controverses.
Dès qu’on en parle, l’imagination s’emballe, aidée par une sur-médiatisation largement négative. On pense tout de suite cybercriminalité, pédopornographie, trafic d’armes ou de stupéfiants, etc. Que des trucs horribles…
Et c’est malheureusement exact : tout ceci existe bel et bien dans cet espace caché d’Internet.
Mais le Dark Web, ce n’est pas QUE ça.
Dans cet article, je vous propose donc de plonger dans les profondeurs de l’Internet caché pour comprendre ce qu’est réellement le Dark Web.
Comment il fonctionne et quels sont ses usages, qu’ils soient légitimes ou illégaux.
Mais commençons déjà par rappeler quelques notions essentielles.
SOMMAIRE
- ➡️ Internet et le Web, c’est la même chose ?
- ➡️ Les différences entre dark web, deep web et darknet
- ➡️ Comment fonctionne le Dark Web en pratique ?
- ➡️ Est-il interdit d’aller sur le Dark Web ?
- ➡️ Les utilisations légitimes du Dark Web
- ➡️ Le dark web est-il forcément lié à la cybercriminalité ?
- ➡️ Conclusion
➡️ Internet et le Web, c’est la même chose ?
Ben non, pas du tout.
Ces deux termes s’utilisent souvent de manière interchangeable. Mais ils décrivent en réalité 2 aspects différents du réseau mondial d’informations.
Internet
Pour l’abréviation de « Interconnected Network » (réseau interconnecté). Le terme désigne l’infrastructure physique mondiale qui permet la communication et l’échange de données entre des millions d’ordinateurs et d’appareils connectés.
Il s’agit d’un réseau vaste et complexe composé de câbles, de fibres optiques, de satellites et d’autres technologies. Cette infrastructure technique permet aux données de circuler d’un point à un autre à travers le monde.
En pratique, Internet est la base technologique qui permet le fonctionnement de divers services et applications, dont le Web.
Le Web (ou World Wide Web)
Le Web, quant à lui, constitue un système d’information qui fonctionne comme une couche au-dessus de l’Internet.
Il s’agit d’un réseau de pages et de sites web reliés entre eux par des liens hypertexte. Ceux-ci permettent aux utilisateurs de naviguer, de rechercher et d’accéder à une vaste quantité d’informations. En français, le mot « web » se traduit par « toile », terme couramment employé aussi.
Le Web a été inventé par Sir Tim Berners-Lee en 1989. Depuis il est devenu le moyen le plus populaire et convivial pour accéder à des contenus en ligne. Quand on parle de sites web, de moteurs de recherche et de navigateurs, on parle donc du Web.
En résumé, Internet est l’infrastructure physique qui relie les ordinateurs et les appareils dans le monde entier.
Tandis que le Web est une application spécifique qui permet d’accéder aux informations et aux ressources installées sur cette infrastructure.
Internet est le réseau global, alors que le Web est l’ensemble des sites web et des pages qui composent l’immense toile d’informations que nous explorons quotidiennement.
➡️ Les différences entre dark web, deep web et darknet
Là aussi, il est nécessaire de bien faire la distinction entre ces notions. Les termes ne sont pas interchangeables ni synonymes, et ils désignent des choses bien différentes.
Pour la plupart d’entre nous, Internet est simplement un immense océan d’informations et de services accessibles via nos navigateurs.
Mais peu de gens réalisent que cet iceberg virtuel que nous voyons n’est qu’une minuscule partie de l’ensemble d’Internet.
En réalité, Internet est composé de plusieurs couches. Chacune offrant des niveaux d’accessibilité et de profondeur différents.
Et pour mieux saisir ce qu’est le Dark Web, il est essentiel de comprendre les différentes couches d’Internet et leur fonctionnement. On les représente régulièrement sous la forme d’un iceberg :
1. Le Surface Web
Le Surface Web, ou Web de surface ou encore Web indexé, est la couche la plus visible d’Internet. Elle regroupe tous les sites web accessibles et indexés.
Autrement dit, les sites et tous les contenus auxquels vous pouvez accéder via les moteurs de recherche classiques tels que Google, Bing ou Yahoo. Et sur lesquels vous naviguez à l’aide de navigateurs connus (Google Chrome, Firefox, Mozilla, etc)
Quand vous recherchez des informations, effectuez des achats en ligne ou consultez des médias, vous êtes sur le Surface Web.
Les chiffres sont flous, mais on estime que cette partie représente environ 4 à 5 % de l’ensemble du web.
2. Le Deep Web
Le Deep Web ou web profond ou encore web invisible, est la couche située en dessous du Surface Web. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Deep Web n’est PAS synonyme de contenu illégal ou dangereux.
Cette zone englobe en réalité tout le contenu en ligne qui n’est pas indexé par les moteurs de recherche. Mais auquel on peut accéder via un lien direct, un code ou un mot de passe.
On y trouve notamment :
- des bases de données privées
- des intranets professionnels
- les fichiers personnels médicaux
- des données d’entreprises, d’universités, d’administrations publiques, de services gouvernementaux, etc.
- tous les courriels
- des espaces de stockage sécurisés
- en bref, tous les contenus non accessibles directement via une recherche traditionnelle
En pratique, chacun·e de nous accède plusieurs fois par jour au deep web sans même le savoir…
Dès que vous vous connectez à votre banque, à un espace client sécurisé, à votre Cloud ou vos emails, vous êtes dans le Deep Web.
Le Deep Web représente la majeure partie d’Internet, soit environ 90 % de son contenu total.
3. Le Dark Web
Le Dark Web est la couche la plus profonde du web.
Il est constitué d’un maillage de sites inaccessibles aux navigateurs et moteurs de recherche traditionnels, qui échappent à tout contrôle et à toute censure.
Et on n’y accède ni par hasard ni par erreur.
L’accès au Dark Web nécessite en effet l’installation de logiciels spécifiques, tels que Tor (The Onion Router) qui est le plus connu.
Le Dark Web garantit un anonymat et un cryptage des données encore plus important que sur les autres couches du web. Ce qui évidemment ouvre la voie à foule d’activités illégales (drogue, pornographie, vente d’armes, revente de données personnelles à des prix défiant toute concurrence, etc)
Mais d’une part, cette couche ne représente qu’une infime fraction de l’ensemble du web.
D’autre part, cet anonymat peut justement être précieux. Pour ceux qui ont besoin d’échapper à une forme quelconque de censure dans leur pays, quelle qu’en soit la cause.
Et la liste est longue hélas…
4. Le Darknet
Tout comme Internet n’est pas le Web, le Darknet n’est PAS synonyme de Dark Web.
C’est une couche supplémentaire d’Internet, caractérisée par des protocoles spécifiques intégrant des fonctions poussées d’anonymat. En pratique d’ailleurs il y a des dizaines de darknets différents.
Le Darknet peut donc inclure des parties du Dark Web, mais il peut également englober d’autres réseaux. Comme par exemple les réseaux privés virtuels (VPN), les réseaux privés d’entreprise et d’autres réseaux cryptés et décentralisés non accessibles au grand public.
Bien que plutôt connu du grand public pour être un repaire de pirates malveillants, le Darknet est aussi utilisé de manière régulière par Reporter Sans Frontières par exemple. Ainsi que par tous les dissidents qui veulent se protéger de la surveillance de masse.
Certains vont même jusqu’à penser que la diabolisation du terme Darknet serait favorisée par des entreprises telles que Google et Facebook, qui font commerce des données personnelles de leurs utilisateurs.
Et qui n’ont donc aucun intérêt à voir les internautes avoir recours à des espaces où la vie privée et la sécurité échappent à leur contrôle…
➡️ Comment fonctionne le Dark Web en pratique ?
Contrairement au web traditionnel, le Dark Web fonctionne à travers un réseau décentralisé de nœuds, appelé le réseau Tor.
Lorsqu’un utilisateur se connecte au Dark Web via Tor, son trafic est acheminé aléatoirement à travers plusieurs nœuds du réseau, formant ainsi une « route » complexe et non traçable. Ce qui permet de masquer son adresse IP et sa localisation physique.
Cette technique est basée sur le principe des couches d’oignon, où chaque paquet de données est encapsulé dans plusieurs couches de chiffrement. D’où son appellation.
Lorsque le trafic passe à travers chaque nœud du réseau, une couche de chiffrement est retirée, révélant l’emplacement du nœud suivant. Ce processus se répète ensuite jusqu’à ce que le trafic atteigne sa destination finale, garantissant ainsi – en théorie – l’anonymat et la confidentialité.
Tor est disponible pour différentes plateformes, notamment les ordinateurs de bureau et les appareils mobiles.
Une fois le navigateur Tor Browser installé, les utilisateurs peuvent accéder aux sites du Dark Web qui présentent tous des terminaisons en « .onion ». Ces adresses sont générées de manière aléatoire et sont spécifiques à chaque site.
Il faut donc connaître précisément l’adresse du site recherché pour y accéder. A défaut il faut consulter un annuaire, le plus connu étant The Hidden Web.
➡️ Est-il interdit d’aller sur le Dark Web ?
Vous ne risquez strictement rien légalement en allant sur le dark web ou en utilisant le logiciel Tor.
Cela dit, vous serez soumis·e ensuite à la législation dont vous dépendez si vous décidez d’enfreindre la loi et d’y mener des activités illicites. Tout comme vous le seriez en passant par le surface web.
Par ailleurs, techniquement vous n’avez pas besoin d’utiliser un VPN (Virtual Private Network) pour vous rendre sur le dark web.
Sauf que dans ces conditions, votre navigation ne sera PAS anonymisée. Car Tor se contente seulement de chiffrer votre trafic. Il sera donc facile de retrouver votre adresse IP et de remonter jusqu’à vous.
Mais en utilisant un VPN (tels qu’ExpressVPN, Cyberghost, ou autre), vous pouvez empêcher votre FAI (Fournisseur d’Accès Internet) ou une agence gouvernementale de vous tracer et même de savoir que vous utilisez Tor.
Donc si vous souhaitez protéger votre vie privée et votre anonymat, pensez à utiliser un VPN (à activer bien sûr avant de vous connecter à Tor).
Pour info, Tor est parfois un peu lent, mais c’est le prix à payer pour bénéficier d’une connexion chiffrée et sécurisée, qui doit faire de nombreux détours avant d’arriver chez vous.
RAPPEL : tous les sites, services et fichiers que vous pouvez trouver sur le dark web ne sont pas forcément légaux, donc faites attention aux contenus auxquels vous accédez.
Et BIEN SÛR (mais comme sur internet en général !) protégez-vous des virus, malwares et autres nuisibles, et ne téléchargez rien qui ne provient pas d’une source vérifiée.
🔥 Pour aller plus loin : Apprenez à reconnaître et à éviter les arnaques Internet
➡️ Les utilisations légitimes du Dark Web
Je l’ai déjà dit plus haut, nombreux sont ceux qui utilisent le dark web à bon escient.
Ou encore tout simplement parce qu’ils n’ont pas d’autre choix…
Activistes, journalistes, opposants politiques, minorités opprimées du fait de leur religion ou de leur orientation sexuelle, ou encore lanceurs d’alertes. Toutes celles et ceux qui sont brimé·e·s dans leur pays peuvent avoir recours au dark web pour contourner un web de surface cadenassé.
Et c’est exactement la proposition de valeur du projet Tor :
Contourner la censure et la surveillance
De plus en plus de pays censurent l’Internet, en tout ou partie (Chine, Turquie, Egypte, Corée du Nord, Arabie Saoudite, Russie, Iran et plus récemment Vénézuela, etc.)
Le Dark Web permet heureusement aux citoyens de ces pays de contourner les restrictions imposées par leurs gouvernements respectifs.
Ils peuvent accéder à des informations et des contenus interdits, et communiquer en toute confidentialité, entre eux ou avec l’étranger.
Protéger la vie privée
Le Dark Web offrant un niveau d’anonymat supérieur à l’Internet traditionnel, il permet ainsi de protéger la vie privée de ses utilisateurs.
Par exemple, les journalistes, les lanceurs d’alerte et les défenseurs des droits de l’homme vont utiliser le Dark Web pour communiquer en toute sécurité avec des sources confidentielles sans craindre d’être identifiés ou surveillés.
Mais on peut aussi y avoir recours tout simplement dans le seul but de se prémunir contre le traçage et la surveillance systématique de nos données personnelles.
Échanger des informations sensibles
Certaines organisations et individus utilisent le Dark Web pour partager des informations sensibles en toute sécurité. Par exemple via des forums de discussions sécurisés ou des plateformes de communication anonymes.
On peut aussi utiliser des bibliothèques en ligne cryptées pour y stocker des données importantes, telles que :
- recherches médicales
- documents gouvernementaux
- données de recherche, etc
Sécuriser les groupes vulnérables
Dans certaines situations et pays, le Dark Web peut offrir un refuge pour les groupes vulnérables, tels que les militants politiques opprimés ou les communautés LGBTQ+.
Ces personnes peuvent utiliser le Dark Web pour se rassembler, s’exprimer, se réconforter, partager des ressources et discuter de questions sensibles sans craindre de représailles.
Petit rappel, à l’heure où j’écris ces lignes, l’homosexualité est encore interdite dans 69 pays sur 193. Et dans 11 pays, elle est passible de la peine de mort.
Contrer la cybercriminalité
Cela peut paraître paradoxal, mais le Dark Web est pourtant le lieu idéal pour discuter et partager des informations sur les menaces de cybercriminalité et les failles de sécurité.
Les experts en cybersécurité vont y échanger de manière confidentielle sur les méthodes utilisées par les cybercriminels et travailler à la recherche de solutions pour renforcer la sécurité en ligne de tous.
En résumé, le Dark Web peut jouer un rôle crucial pour protéger la vie privée, faciliter la communication sécurisée et garantir la liberté d’expression.
➡️ Le dark web est-il forcément lié à la cybercriminalité ?
Si le Dark Web est souvent entouré de mystères et d’une aura négative, c’est évidemment en grande partie en raison de son association avec des activités illicites.
Inutile de le nier, l’anonymat offert par le Dark Web permet aux cybercriminels de mener leurs petites affaires sans être (trop) facilement identifiés par les polices du monde entier…
On y trouve donc quantité de marchés noirs en ligne, où l’on peut acheter et vendre de manière anonyme tout ce qu’on ne peut pas trouver ailleurs : drogues, armes, organes, données volées, et bien d’autres produits et services illégaux.
Bien évidemment, les cryptomonnaies spéculatives, non régulées, et bien opaques, y règnent en maîtres. Ce qui pose d’autres problèmes aux autorités financières.
De leur côté, les forces de l’ordre et les organisations internationales de lutte contre la cybercriminalité travaillent sans relâche pour démanteler les réseaux criminels et fermer des sites illégaux.
L’une des opérations les plus connues reste celle menée par le FBI qui a permis de faire tomber en 2013 le fameux Silk Road, le plus grand supermarché illégal du Dark Web. C’était le premier marché noir de ce genre, qui utilisait le Bitcoin naissant pour toutes ses transactions. Il a fait de nombreux petits depuis…
🎙 Ecouter l’histoire incroyable du fondateur de SilkRoad sur Radio France
➡️ Conclusion
Le Dark Web reste un domaine fascinant et complexe du web, suscitant à la fois curiosité et inquiétude.
Mais au-delà des préjugés et des stéréotypes, il nous confronte surtout aux défis éthiques, technologiques et sociétaux d’un monde de plus en plus connecté.
Parce qu’il soulève des questions cruciales, telles que :
- la régulation d’Internet
- l’équilibre entre la sécurité et la vie privée
- les limites de la liberté d’expression, etc.
Donc plutôt que de considérer le Dark Web comme une entité obscure à éviter systématiquement, nous devrions saisir cette opportunité de réflexion pour mieux comprendre les enjeux de notre monde numérique en constante évolution.
Au final, le Dark Web nous rappelle impitoyablement que la technologie reste un outil puissant qui peut être utilisé pour le pire comme pour le meilleur.
Le meilleur, c’est de façonner une société connectée plus éclairée, sécurisée et éthique pour les générations à venir. Et de construire ensemble un avenir numérique plus responsable et respectueux des droits et des valeurs humaines.
Qu’en pensez-vous ?
Valérie Bernard
Fondatrice de Gimme Social Web & Le Chemin des Boss
🌟 J’accompagne en priorité les femmes en reconversion qui se lancent dans l’entrepreneuriat. Je les aide à construire leur stratégie digitale et à faire décoller leur nouvelle activité de manière alignée et authentique. Mais vous pouvez aussi me contacter si vous avez de la moustache.
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